Ondes de choc : Les habitants de Beyrouth se remettent encore des explosions dévastatrices du 4 août 2020

"L'explosion qui s’est produite au port de Beyrouth a fait exploser nos cœurs", raconte Farah, 40 ans. "Elle a brûlé nos cœurs." Farah fait référence à l'explosion gigantesque qui a frappé Beyrouth, la capitale du Liban, le 4 août 2020. Plus de 200 personnes en sont mortes et des milliers d'autres ont été blessées. La source de l'explosion a été identifiée comme étant une grande quantité de nitrate d'ammonium - un composé utilisé pour fabriquer des explosifs - qui avait été stockée sans mesures de sécurité appropriées.
Les explosions colossales qui s’en sont suivies ont généré un énorme nuage en forme de champignon et créé une onde de choc qui a traversé la ville, détruit sur son passage les bâtiments situés à proximité du port et transformé les maisons en champs de ruines.
"J'ai perdu beaucoup d'amis à moi", a ajouté le fils de Farah, âgé de 9 ans.
Farah et son fils nous ont raconté cette épouvantable expérience depuis un petit stand installé par l’ONU dans l'une des rues les plus endommagées par les explosions. Depuis ce stand sont recueillis les témoignages de nombreux habitants sur les explosions qui ont frappé la ville.

Lorsque la catastrophe a frappé le cœur de Beyrouth, le Liban était déjà en proie à des troubles civils, à des difficultés économiques et financières et à une hausse de la pauvreté et du chômage, des problèmes aggravés par des tensions politiques et un nombre de cas de COVID-19 en augmentation et exacerbés par le défi que représente pour le pays la prise en charge des réfugiés syriens et palestiniens.
Aujourd'hui encore, des mois après les explosions, "l'ampleur des pertes et l'étendue des dégâts restent énormes, pour ne pas dire écrasantes", a déclaré Najat Rochdi, Coordonnatrice spéciale adjointe, Coordonnatrice résidente et Coordonnatrice de l'action humanitaire des Nations Unies.

"Chaque jour, ajoute-t-elle, quand je marche dans Beyrouth, j'entends les gens me raconter les chocs et les pertes qu’ils ont subis. Des femmes et des hommes qui n'ont jamais eu à demander de l'aide et qui en sont réduits aujourd’hui à demander l’aumône. Des familles qui ont tout perdu : leur maison et leur avenir. Des enfants qui ne se sentent plus en sécurité dans leur quartier. Des hommes d'affaires autrefois fiers de leur réussite qui n'ont aujourd’hui pas accès à leurs économies et ne peuvent pas se reconstruire".
Au lendemain de l'explosion, plusieurs entités de l’ONU ont livré des médicaments essentiels et du matériel médical, fourni des services d’approvisionnement en eau, d'assainissement et d'hygiène, ainsi que des services de soutien psychologique. Elles ont également contribué aux efforts de réhabilitation et de restauration. Parmi les entités impliquées dans ces initiatives figurent notamment le PAM, l'UNICEF, l'OMS, le PNUD, l'ONU-Habitat, le HCR et la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).
Les entités et les partenaires de l’ONU "ne ménagent ni leur temps ni leurs efforts pour apporter une aide vitale à celles et ceux qui ont été directement impactés par cette terrible explosion", a déclaré Mme Rochdi. En effet, l’ONU et ses partenaires ont distribué plus de 90.000 repas chauds prêts à consommer, 44.000 colis alimentaires aux ménages et 12.500 tonnes de farine de blé aux meuniers à travers tout le pays. Des installations pour l’approvisionnement en eau, l'assainissement et l'hygiène, dont plus de 2.700 nouveaux réservoirs et pompes à eau, ont en outre été fournies aux établissements médicaux.
“Un avertissement”
"Les explosions qui se sont produites au port ont servi d'avertissement, mais elles sont apparues aussi comme une fenêtre d'opportunité, dans l’optique de la reconstruction d’un Liban meilleur", a déclaré Najat Rochdi, de l'ONU. Dans les mois qui ont suivi les explosions, l'ONU a changé de cap, passant d’une action centrée sur l'aide d'urgence à des interventions axées sur le relèvement et la reconstruction à plus long terme.
Peu après les explosions, l’ONU, l'Union européenne et la Banque mondiale ont réalisé une évaluation rapide des dégâts et des besoins afin d’aider à la mise au point d’une stratégie de planification du relèvement fondée sur des données probantes. En se basant sut les conclusions de cette évaluation, elles ont entrepris d'élaborer un Cadre pour la réforme, le relèvement et la reconstruction du Liban (Cadre 3RF) axé sur les personnes. Lancé le 4 décembre, quatre mois exactement après l'explosion, le Cadre 3RF propose des solutions aux problèmes auxquels est confronté le Liban.
“"Nous ne nous concentrons pas uniquement sur la reconstruction de Beyrouth : nous n'ignorons pas le sort des Libanais qui vivent dans la pauvreté ailleurs dans le pays", rassure Mme Rochdi. "Nous nous sommes engagés à ne laisser personne de côté"”
"Ce jour-là, j’ai cru que mon heure était venue", se souvient un jeune homme nommé Rakan, accablé par le souvenir du souffle de l’explosion qui a détruit sa maison, le laissant gravement blessé aux pieds.
"J’ai peur qu'un événement semblable ne se reproduise", s’inquiète Roula, qui a perdu son père dans l'explosion et qui, aujourd’hui encore, terrorisée à l’idée qu’une nouvelle catastrophe puisse se produire, sursaute dès qu’elle entend le moindre bruit dans la rue.
Malgré les explosions, les Libanais sont nombreux à ne pas se laisser décourager. C’est le cas de cet homme, qui insiste : "Malgré tout ça, nous allons rester au Liban".
Article produit par l'ONU au Liban. Écrit par Nadine Abi Zeid Daou, chargée des communications au Bureau de la Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Liban, avec l’appui éditorial de Paul VanDeCarr, du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). La vidéo est disponible sur Facebook et YouTube.














