Investir dans les ODD dans un monde post-COVID

Depuis que COVID-19 a changé notre monde pour toujours, l’expression de l'inquiétude et de la peur se mêle à des manifestations d'optimisme et d'espoir. Partout sur notre planète, notre communauté mondiale s'est adaptée aux nouvelles normes sociales, a subi des pertes extrêmes et s'est préparée aux effets à moyen et long terme d'une crise économique dramatique. Pourtant, dès les premiers jours du confinement, un appel à une plus grande solidarité nationale et internationale a été lancé, qui a été perçu comme une occasion unique pour reconstruire en mieux, et donc pour être en bien meilleure posture pour surmonter efficacement la menace encore plus grave pour notre survie que représente le changement climatique. Une nouvelle classe de leaders compétents, empathiques et déterminés a émergé d’une manière éclatante avec la crise sanitaire. Dans le même temps, les valeurs et engagements d’antan en faveur de la protection sociale, des soins de santé essentiels et du climat ont été indiscutablement réactivés et renforcés.
Les dirigeants du monde entier ont entendu l'appel lancé et la réponse des gouvernements - les États membres de l’ONU - a été sans précédent dans un grand nombre de cas. Des billions de dollars ont été mis à disposition par le biais d’aides financières axées sur les plus vulnérables, les personnes âgées, les personnes malades et les chômeurs. Les travailleurs de la santé, qui interviennent en première ligne, sont devenus une priorité absolue.
L'impact dévastateur de la COVID-19 sur la rapidité et probabilité de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) n'est pas surévalué. La Banque mondiale estime que 70 à 100 millions de personnes vont tomber dans l'extrême pauvreté à cause de la COVID-19. L'ONU, elle, estime que la pandémie pourrait faire basculer dans la pauvreté près de 490 millions de personnes, dans 70 pays, la pauvreté étant définie plus largement comme le fait de ne pas disposer d'un abri élémentaire ou d'eau potable et d'avoir des enfants qui souffrent de la faim. Globalement, cela signifierait que près d'une décennie de progrès serait anéantie.
De même, l'indice de développement humain développé par l’ONU devrait reculer en 2020, ce qui serait une première depuis sa création. Les inégalités se creusent et il existe désormais un "gouffre lié à la COVID" - un gouffre lié au fait que ceux qui manquent d'éducation, de compétences et d'accès à la technologie sont les premiers à tomber dans la pauvreté et ont plus de mal à revenir au niveau où ils étaient avant la pandémie.
Cette situation est aggravée par l'inégalité de la réponse fiscale. Comme le souligne un récent numéro de The Economist, les gouvernements des pays riches ont dépensé plus de 10% de leur PIB pour soulager la crise économique. Les autres pays y ont alloué des sommes nettement inférieures : 3% pour les économies émergentes et moins de 1% pour les nations les plus pauvres.
La crise de la COVID 19 a propulsé les finances publiques sur le devant de la scène et a montré la nécessité d'accroître les investissements publics. Mais elle a aussi mis en évidence la nécessité d'une collaboration plus étroite entre les secteurs public et privé, notamment dans la course à la production de vaccins efficaces pouvant nous protéger tous.
Bien que de nombreux défis restent à relever avec la COVID-19, si le monde veut "reconstruire en mieux" - et se remettre sur la voie des ODD - nous devons mettre en place des politiques adéquates et mobiliser les financements nécessaires pour mettre en œuvre ces politiques le plus rapidement possible. Pour cela, il faut continuer à développer et approfondir la collaboration entre les secteurs public et privé et à mettre en place des partenariats dynamiques entre les deux secteurs. Aux Nations Unies, nous voulons prendre part à ce travail en canalisant les efforts de nos États membres et de nos partenaires dans le sens d’une action commune avec le secteur financier en vue d’accélérer la mise en œuvre du Programme 2030.
Rejoignez le Fonds conjoint pour les ODD. Le Fonds conjoint pour les ODD est né de la réforme du système de l’ONU pour le développement, une réforme entreprise par le Secrétaire général. Ce Fonds aide les pays à accélérer la réalisation des objectifs de développement durable grâce à une combinaison de politiques intégrées, de financements stratégiques et d'investissements intelligents.
En termes simples, au Fonds conjoint pour les ODD, nous rêvons de faire converger "Wall Street", le monde des affaires - et l’intérêt croissant pour les questions d'environnement, de société et de gouvernance (ESG), les investissements à impact social et l'enthousiasme des investisseurs autour des ODD - avec les besoins réels des pays qui ne suscitent pas l’intérêt des gestionnaires d'actifs et de portefeuilles à l’heure actuelle. Nous savons qu'il n’est pas toujours possible de faire converger ces intérêts. Mais il faut dire que nous commençons à peine à mettre en relation la demande réelle des pays avec des solutions innovantes de financement. Au cours des prochains mois, par l'intermédiaire du Fonds conjoint pour les ODD, le système de l’ONU travaillera avec ses partenaires pour étudier ce qui peut être réalisé, de la création de marchés locaux d'obligations vertes à l'émission de sukuks (l’équivalent des obligations dans la finance islamique] et d'obligations bleues, en passant par l’adaptation de programmes de prêt innovants capables d’inverser les externalités sociales et environnementales négatives et de financer des pôles de santé ruraux, etc.
Le Fonds a engagé un montant initial de 100 millions de dollars pour renforcer l'architecture de financement des ODD dans les pays en développement et catalyser la réalisation d’investissements stratégiques tirant parti de financements publics et privés en vue de mettre en œuvre les ODD. Ce travail est guidé par la Stratégie et la feuille de route du Secrétaire général pour le financement du Programme 2030 et s'articule autour de deux programmes d'action interdépendants. Le premier vise à créer des conditions favorables et un environnement propice à des financements accrus et de meilleure qualité pour les ODD. Le second consiste à investir dans des projets clés qui tirent parti des financements publics et privés pour faire avancer la mise en œuvre des ODD.
Nous cherchons à faire valoir des arguments économiques en faveur d’investissements dans les ODD, puis à multiplier les succès dans différentes régions du monde, ce qui permettra de développer un "réseau" d'initiatives de l’ONU visant à réorienter les capitaux publics et privés vers les ODD. Dans un contexte de ressources publiques limitées, notre pipeline d'investissements catalytiques doit démontrer que différentes formes de capitaux peuvent être accessibles pour financer les ODD et qu'il est fondamental de s'aligner progressivement sur ces derniers.
Le Fonds conjoint pour les ODD accorde aux pays des subventions catalytiques qui permettent de débloquer les opportunités d'investissement dans les ODD et aident ainsi les pays à accélérer la mise en œuvre des ODD. Ces subventions servent essentiellement d’amortisseur contre les risques imprévisibles considérés comme courants sur les marchés frontières ou émergents. Accordées aux pays pour démontrer la viabilité des investissements, ces subventions sont financées par un consortium d’entités de l’ONU, de banques de développement et d'investisseurs publics et privés. En plus d’un soutien financier, l’ONU apporte son appui pour la création d'un environnement favorable à des investissements plus efficaces dans les ODD au niveau national, tout en donnant aux dirigeants politiques et aux patrons d’entreprises les moyens de mener à bien les programmes. Grâce à l’action des équipes de pays de l’ONU et de nos partenaires, nos subventions contribuent réduire les risques financiers et politiques. Nous accordons par ailleurs des financements parallèles pour soutenir la création d'un écosystème politique et législatif plus large pour les investissements et fournissons aux pays une assistance technique.
Dans un second temps, les partenaires du Fonds conjoint pour les ODD gèreront et capitaliseront les fonds à impact, émettront des obligations thématiques, cogèreront les innovations des entreprises et les "fonds challenge". Ils géreront en outre des accélérateurs pour les entreprises à impact social. Nous combinerons ces investissements avec des subventions publiques intelligentes de manière à réduire les risques liés aux investissements et à développer de nouveaux produits financiers alignés sur les ODD.
La capacité du Fonds conjoint pour les ODD à accorder des subventions catalytiques aidera à débloquer ces opportunités et, de ce fait, les investissements réalisés de manière ciblée pourront être reproduits et amplifiés, même dans les environnements les plus difficiles, comme les pays les moins avancés, les petits États insulaires en développement ou les États fragiles. À titre d’exemple, au Malawi, le Fonds va mettre en place un instrument de financement qui permettra de fournir des capitaux propres à long terme aux petites et moyennes entreprises qui en ont besoin pour développer leur activité et multiplier les opportunités l'emploi. Au Rwanda, une obligation à impact social financera la création de 1.000 nouveaux postes de soins de santé équipés de panneaux solaires. Aux Fidji, un mécanisme novateur d’échange de la dette visant à alléger le service de la dette permettra de mobiliser des ressources philanthropiques et publiques pour obtenir des garanties de prêts privés. L'écotourisme, la gestion des déchets et les revenus des activités de pêche durable des communautés locales permettront de rembourser la dette tout en protégeant l’océan.
Imaginez un Fonds qui parvienne à concilier les exigences de rendement du secteur privé avec l’exigence de réduction de la pauvreté et d'autonomisation des femmes. Imaginez que l’on puisse accroître les revenus grâce à des investissements bleus et verts, à l'agriculture durable et aux technologies de pointe en matière de santé des femmes. Imaginez-vous en responsable de la mise en œuvre du plan stratégique d'investissement social d’une entreprise alignée sur les objectifs de l’ONU et qui investisse dans le portefeuille du Fonds conjoint pour les ODD. Moi, je l’imagine très bien. Car au Fonds conjoint pour les ODD, nous sommes déterminés à rendre l'impossible possible. Alors, joignez-vous à nous.














