Protéger les populations les plus vulnérables des Caraïbes contre la COVID-19

La pandémie de COVID-19 est l'une des crises sanitaires, économiques et sociales les plus graves que le monde ait connues depuis des décennies. Au début du mois d'avril, plus de 870.000 cas et plus de 43.000 décès ont été signalés dans le monde en lien avec la COVID-19. Selon l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), le nombre de cas dans la région des Amériques ne cesse d'augmenter.
La région des Caraïbes est elle aussi ébranlée par l'épidémie de COVID-19, qui a déjà porté un coup dévastateur aux secteurs du tourisme et des services dans l’ensemble des pays de la région et qui a eu des conséquences néfastes pour les économies de ces pays, qui sont pour la plupart modestes et ouvertes.
Alors que les gouvernements des pays de la région s'efforcent d'endiguer la vague pandémique et de contrer son impact à court et long termes sur les secteurs essentiels, une réponse multisectorielle est nécessaire pour répondre aux besoins immédiats des populations en matière de soins de santé et d'interventions d'urgence ; et il faut parallèlement veiller à ce que des dispositifs de protection sociale soient mis en place pour aider les personnes dont les revenus risquent de diminuer considérablement à cause de cette crise et pour protéger les droits des citoyens et citoyennes les plus vulnérables.
Cette approche multidimensionnelle permettrait d'atténuer les chocs et d’appuyer les efforts de relèvement qu’il sera nécessaire de déployer après une crise comme celle-ci, qui risque d'exacerber les inégalités existantes et d’anéantir les progrès réalisés au cours des années précédentes dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
Des systèmes de santé débordés
La menace imminente qui pèse sur les systèmes de santé saturés et les économies fragiles des pays de cette région comptent parmi les problèmes les plus urgents à traiter pour les gouvernements de la région, car, si elle se réalise, cette menace est pourrait provoquer un chômage généralisé et compromettre les acquis sociaux.
À l’heure où les Caraïbes s'engagent dans des efforts d’intervention et de relèvement, les principes de ne laisser personne de côté, de la non-discrimination et de l’engagement en faveur de l'accès universel aux services essentiels constitueraient une base utile pour l’élaboration de politiques de relèvement efficaces dans les domaines sanitaire, social et économique.

Photo : © United Nations/David Pedroza
Protéger les populations les plus vulnérables
Adopter une approche ciblée et fondée sur les droits de l'homme est toujours indispensable si l’on veut sauvegarder et protéger les intérêts des personnes âgées, des femmes et des filles, des enfants, des personnes handicapées, des migrants, des personnes en détention, des sans-abris et des autres personnes marginalisées ou déplacés, qui constituent les groupes de population les plus vulnérables.
Les personnes âgées sont touchées de manière considérable par le coronavirus comparées à d’autres populations, comme en témoigne le nombre élevé de décès enregistrés dans ce groupe. C’est pourquoi il est important que la prestation de services sanitaires et sociaux soit ciblée, si l’on veut répondre aux besoins des personnes âgées, en particulier de celles qui sont isolées et qui ne bénéficient d’aucun soutien de la part de leur famille.
Dans les Caraïbes, dans de nombreux ménages, ce sont principalement les femmes qui s’occupent des membres de la famille. De plus, les femmes occupent environ 70 % des postes vitaux dans les secteurs de la santé et du social. De ce fait, non seulement les femmes supportent un fardeau social plus lourd, mais elles sont également exposées à un risque accru de contamination du fait qu’elles travaillent en première ligne depuis le début de cette crise. Les recherches indiquent par ailleurs que lors d’une crise humanitaire, les niveaux de violences sexuelles et/ou de violences au sein du couple fondées sur l'inégalité entre les sexes augmentent en raison des déplacements, de la rupture des réseaux sociaux et de protection et du manque de services disponibles.
Les mesures destinées à endiguer la propagation de la COVID-19, telles que l'auto-isolement et la distanciation physique, peuvent avoir pour conséquence d’obliger les victimes à être confinées chez elles avec leur agresseur, avec un accès limité aux services de secours. La mise en œuvre de stratégies et d’interventions qui tiennent compte des questions de genre est nécessaire pour empêcher l'exacerbation des inégalités entre les sexes et venir en aide aux victimes potentielles.
Protéger les enfants
L’expérience a en outre montré que, lors d’une crise humanitaire, les enfants sont plus susceptibles d’être maltraités, de subir des violences et d’être victimes d'exploitation. Des mesures préventives et des mécanismes de protection de l'enfance adéquats et adaptés doivent être mis en place en priorité pour faire face à cet aspect de la crise actuelle et de toutes les autres, afin de protéger les enfants exposés à ces risques partout à la Barbade et dans les pays de la région.
Avec les fermetures provisoires des écoles dans toute la région, les stratégies d'apprentissage à distance ne sont efficaces que si elles prennent en compte les enfants en situation d'inégalité. Si l'apprentissage en ligne peut être envisagé pour les élèves qui ont accès à un ordinateur et à Internet à leur domicile, l’ONU soutient les ministères de l'éducation de toute la région pour identifier et développer des méthodes alternatives et accessibles d'apprentissage à distance, par exemple via la télévision ou la radio, de manière à s’assurer que tous les enfants ont accès à une éducation de qualité, même si la crise devait se prolonger.
Les personnes handicapées seront elles aussi confrontées à des défis bien particuliers. Bien qu'il n'y ait actuellement aucune preuve suggérant qu'un handicap augmente le risque de contracter le virus, les personnes vivant avec un handicap peuvent présenter des problèmes sous-jacents qui les rendent plus vulnérables.
La situation de ces personnes peut être aggravée par des obstacles existants, notamment par un accès limité aux soins de santé ou par la stigmatisation ou la discrimination. La mise en œuvre de mesures de protection sociale supplémentaires peut contribuer à assurer la continuité du soutien fourni aux personnes handicapées, tout en préservant leurs droits à la santé, à la sécurité et à la dignité.
Article publié à l’origine sur le site d’ONU Info. Traduit en français par le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD).














